L’Esprit Saint gouverne-t-il le monde ?

Publié le par Abbé Augustin FOKAM

L’Esprit Saint gouverne-t-il le monde ?

  • Introduction

L’Esprit Saint gouverne-t-il le monde ? La question semble embarrassante. Qui est l’Esprit Saint ? Que signifie gouverner ? De quel monde est-il question ici ? Le problème, c’est qu’il y a monde et monde. Il y a le monde visible et le monde invisible. L’Esprit Saint gouverne-t-il le monde ? Nous sommes en face d’une question de grande importance qui se pose à un moment où en regardant attentivement notre histoire, l’histoire du monde et plus principalement l’histoire de notre monde, l’on se rend compte que l’humanité de tout temps fut et est encore le théâtre des scènes horribles et étranges, de comportements déviants, de guerres fratricides, des génocides organisés et de conflits insensés, de crises de toutes sortes. L’histoire de toutes les civilisations a été marquée par une succession de mésententes et d’intérêts divisés, égoïstes. Ceci démontre cette tendance naturelle qu’ont les hommes à être agressifs et querelleurs. On assiste à une société à bien des égards sécularisée ou laïcisée. La vigueur même de la vie chrétienne languit toujours de plus en plus parmi les nations, les lois de la justice sont violées avec tant de facilité dans la famille aussi bien que dans la société, les hommes recherchent avec tant d'avidité les biens périssables au point, souvent, de se les approprier indûment. Les hommes dans une vaine recherche de pratiques superstitieuses s'adonnent témérairement au commerce avec les esprits cachés, se livrant ainsi d'eux-mêmes avec imprudence aux pièges du démon. Dans l'ancien monde, aussi bien que dans le nouveau, les pratiques occultes sont devenues une épidémie générale. On a comme impression que le monde est abandonné à lui-même au sein de ses lois, de ses catastrophes, de ses angoisses, de ses déchirements, de ses maladies, de ses erreurs, de ses sottises. Depuis six mille ans l'humanité offre l'image d'un malade et d'un grand supplicié. Les pouvoirs : temporel, spirituel, de l’argent, de la connaissance, des médias s’entremêlent, s’entrechoquent et dérangent. Il y a toujours comme une irruption voilée de l’invisible négatif dans notre univers visible déjà avec pas mal de problèmes, de difficultés, un univers soumis au mouvement, à la décomposition, emporté par le temps, limité par la mesure, et sujet à s’user, à vieillir et qui finira par disparaître et par périr… Tout se passe comme si des forces obscures, négatives et invisibles dirigeaient le monde. On dirait que le monde git au pouvoir de Satan., Il faut s’attendre encore à des luttes et à des résistances achar­nées. Il y aura encore du sang répandu ; l’esprit de ténèbres amoncellera de nouveau ses séductions et ses ruses, montera des plans de destruction des disciples de Jésus Christ ; on peut prévoir pour l’Église des persécutions plus terribles que celles qu’elle a jus­qu’ici soutenues. L’histoire de l’humanité ne serait qu’un drame inexplicable, une série de faits isolés sans cohérence et sans but, si tôt ou tard elle n’avait son terme et son dénouement. Quel est le rôle de l’Esprit de Dieu qui est l’auteur même des univers au cœur de ce bric-à-brac, de ce théâtre si étonnant et dégoûtant? Notre espérance est-elle perdue ?

  1. Approches notionnelles

Nous allons partir de quelques définitions qui nous permettrons d’entrer aisément dans l’analyse de notre sujet.

  1. Qui est l’Esprit Saint ?

Il s’agira tout simplement de nous situer et non d’entrer dans les profondeurs définitionnelles de l’Esprit Saint. Le Saint-Esprit est, pour nous chrétiens, l'Esprit de Dieu qui pousse à l'action les prophètes, et d'une manière plus générale non seulement les croyants mais aussi tous les êtres humains. C’est la troisième personne de la Sainte Trinité. C’est l’Esprit qui anime toutes choses, c’est la vie de la vie de toutes créatures.

  1. Gouverner

Gouverner, c’est diriger, administrer, gérer, régir, régenter, commander, guider, présider, mener, organiser, manager, conduire, entrainer, dominer, soumettre, contrôler, régner, triompher, maitriser. Nous verrons dans la suite que tous ces verbes renvoient à ce qu’on appelle l’exercice du pouvoir.

  1. Définition du mot Monde

Le monde est le terme de l'action créatrice. Le monde, c’est la création de Dieu. Le monde c’est tout ce que nous apercevons d'espace, de corps et d'êtres, ainsi dénommé à cause de l'arrangement et de la régularité qui y règnent.

Au sujet de la création du monde, plusieurs philosophes ont cru que le monde est éternel. Les anciens croyaient généralement que le chaos avait précédé le monde qui en avait été tiré. Il y a le monde physique, le monde considéré dans ce qu'il a de sensible.

Dans un sens particulier, le monde, c’est notre système solaire avec les planètes, les satellites des planètes et les comètes, par opposition à l'univers qui embrasse tout ce que nous voyons d'espace et de soleils, et dans lequel le monde n'est plus qu'une parcelle. Le monde, ce sont les planètes et les étoiles qui roulent dans l'espace, considérées comme des habitations semblables aux nôtres. Le monde c’est le globe terrestre, le monde sublunaire. On ose souvent dire qu’on a fait le tour du monde.

Le monde, c’est ce bas monde, ce monde, la terre que les hommes habitent, par opposition au ciel, au royaume céleste.

Hyperboliquement, le monde c’est un lieu vaste et très peuplé. Paris est un monde. Le Monde se dit pour exprimer un ensemble de pays, de sociétés, de civilisation. Le monde oriental. Le monde grec. Le monde du moyen âge.

Le monde, c’est la totalité des hommes, le genre humain. On parle de l'opinion du monde. On dit que Jésus-Christ est le Sauveur du monde. Le monde ce sont les hommes en général, la plupart des hommes.

Le monde c’est le grand monde, la société distinguée par les richesses, par les dignités de ceux qui la composent. Être reçu dans le grand monde. En langage de dévotion, le monde c’est la vie des hommes qui ont les mœurs peu sévères du siècle. Le monde c’est la vie séculière, par opposition à la vie monastique. Abandonner le monde. Un religieux qui rentre dans le monde. On parle de l'autre monde, la vie par-delà le tombeau. On parle de l’Univers invisible, le monde des esprits purs, le monde angélique.

Dans le sens figuré, l'autre monde, se dit du passé, du monde d'autrefois, de ce qui n'est plus à la mode, dans l'usage.

En résumé, on peut avoir ces différents sens : 1 : Ensemble de l'univers. Synonyme univers. Anglais world ; 2 : La Terre. Ex Il a parcouru le monde. Synonyme planète ; 3 : Ensemble de l'humaité. Ex Cela concerne le monde entier ! Synonyme civilisation ; 4 : Milieu particulier (social, environnemental, etc.). Ex Le monde du commerce, le monde végétal. Synonyme société.

Le mot monde a 13 synonymes : civilisation, cosmos, genre, gens, globe, humanité, nature, planète, public, société, sphère, terre, univers. Ce monde qui est le terme de l’action créatrice de Dieu, semble être géré par quatre pouvoirs.

  1. Les pouvoirs qui dirigent le monde

Quand on parle de gouverner, surgit directement dans la mémoire l’exercice du pouvoir. Nous allons voir les différents pouvoirs qui gouvernent notre monde :

  1. Le pouvoir spirituel

Les hommes en général, depuis la nuit des temps, ont été tentés d'expliquer ce qu'ils ne comprenaient pas par l'intervention de divinités ou des génies, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, craintes ou respectées. Même de nos jours, ces symptômes persistent : combien d'entre nous lisent des horoscopes ? Pourquoi existe-il tant de prédicateurs, de « prêtres », de "voyants" et de gourous ? En effet, très vite, certains humains ont compris l'intérêt qu'ils pouvaient tirer de cette étrange pulsion humaine pour leur propre compte. Et les devins, chamanes et autres prédicateurs ont abondé. Ils ont compris l'importance pour les gens de comprendre la signification de leur destin, de la mort, de l'injustice. Ils se sont auto déclarés chamanes, prêtres, prophètes, interprètes ou même relais des "messages divins". Et ils ont forcés un bon nombre de personnes à adorer des dieux ou des idoles, et des symboles comme l'amulette ou la baguette magique, sont devenus des symboles de leur pouvoir.

Au moyen-âge, il existait de facto deux pouvoirs : le temporel et le spirituel. Le pouvoir temporel était celui des rois et des seigneurs, c'était le pouvoir de la force et de la violence, mais justifié, légalisé, par le pouvoir spirituel, qui était celui des chefs religieux, c'est à dire, en Europe, celui du pape, en Asie mineure celui des califes et en Amérique précolombienne celui des prêtres du soleil.

  1. Le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire

La révolution française chercha à supprimer ces deux pouvoirs. Mais le catholicisme était trop enraciné dans l'esprit des français d'alors, issus de dix-huit siècles de lavage de cerveau organisé. La révolution mit donc entre parenthèses le pouvoir spirituel, suggérant un culte alternatif, celui de "l'être suprême", en sachant très bien que ce n'était qu'un pis-aller. Mais pour le pouvoir temporel, objet de tous les ressentiments, il fallait l'éradiquer. L'assemblée constituante le remplaça par trois pouvoirs qui, encore aujourd'hui, sont à la base du fonctionnement de nos institutions...

La principale motivation de la révolution fut donc de supprimer le pouvoir, réellement exorbitant, de ces rois de droits divins, c'est à dire le pouvoir temporel. L'assemblée constituante décida donc de supprimer le pouvoir temporel, ou tout du moins de le limiter, parce que tout le monde était conscient (mais était-ce vrai ?) qu'il fallait quand même qu'un pays soit dirigé par une poignée de dirigeants, On créa donc un pouvoir exécutif, constitué par un président et des ministres. Parce qu'il ne fallait pas que le président devienne un nouveau roi, on ne lui donna pas le pouvoir de légiférer, mais seulement celui de proposer des lois. Les lois elles-mêmes seraient votées par une assemblée législative, ou même deux pour éviter que les députés ne soient trop "influencés" par l'exécutif. Lorsque le président et les assemblées sont élues par le peuple, c'est la base des démocraties modernes. Singulière perversion d'un terme si ancien ! Démocratie, signifie, en grec, "le pouvoir du peuple". Dans la Grèce antique, il n'y avait pas d'assemblée, et tous les citoyens pouvaient proposer des lois, et proposer de les soumettre au vote de tous.

Finalement, le pouvoir judiciaire fut inventé pour enlever aux rois (et au président) le droit de rendre la justice, parce qu'on pensait, à juste titre, que permettre à une seule personne de décider qui avait raison et qui avait tort dans une dispute était donner à cette personne un pouvoir trop important. On créa donc des tribunaux indépendants, en principe, de l'exécutif. Mais cette belle idée fut pervertie elle aussi parce que les juges sont des fonctionnaires payés par le gouvernement et dépendant d'un ministre qui fait partie de l'exécutif. L'indépendance de la justice est donc un beau principe, mais ce sont les ministres inféodés aux dirigeants gouvernementaux qui tiennent les clefs de de la bourse de la justice, donc, en partie, le pouvoir de nommer les juges et d'influencer leurs décisions. Il y a des pouvoirs de base dont ne font pas partie les pouvoirs que nous venons de voir.

  1. L'ébauche d'un pouvoir nouveau ( le pouvoir de la connaissance)

Au temps moyenâgeux, l'argent n'avait pas l'importance qu'il a maintenant. Lorsqu'un seigneur voulait lever une armée, ou construire un château il n'avait pas besoin de dépenser de l'argent. Il ordonnait, et on lui obéissait. Et il ordonnait à ses paysans de nourrir les ouvriers, ou les soldats (ou bien ceux-ci se servaient en pillant les terres ennemies !), et tout le monde était content (sauf ceux qui se faisaient tuer, ou qui se tuaient à la tâche, mais ils n'avaient pas le droit de se plaindre !)

Cependant il existait certains corporations d'artisans spécialisés, en particulier ceux qui construisaient les navires de guerre, mais aussi plus tard les artisans qui tissaient des tapisseries, ou les moines copistes, et bien d'autres corporations de "spécialistes", qui disposaient d'un pouvoir singulier : ils étaient les seuls à savoir le faire, à avoir le savoir-faire. Et ils faisaient payer leur savoir (ou savoir-faire). C'était l'ébauche d'un pouvoir nouveau, très dangereux pour les rois et les princes, et qui existe encore aujourd'hui, Quand Airbus vent un avion cent millions de dollars, ces cent millions ne représentent pas le coût des matériaux, mais celui du savoir-faire de la compagnie. Le pouvoir de la connaissance, c'est le pouvoir de monnayer son savoir pour son savoir-faire contre de l'argent. Mais où trouver cet argent ? Comment faire face au pouvoir de la connaissance ?

  1. Le pouvoir de l'argent

Ce furent les vénitiens, au XVe siècle, qui trouvèrent la solution : ils inventèrent une nouvelle corporation, celle des banquiers : des hommes riches qui pouvaient (qui avaient le pouvoir de) prêter de l'argent aux princes qui en avaient besoin pour financer leurs guerres et leurs, pour lancer des expéditions vers le nouveau monde, ou conquérir des royaumes voisins, ou encore "libérer la terre sainte". Toutes choses qui coûtaient des sommes folles. Qu'à cela ne tienne, disaient les nouveaux banquiers, voici l'argent. Mais nous voulons que vous nous en remboursiez la totalité, plus un intérêt (généralement 100% !) si l'expédition est un succès.

Alors oui, l'invention du crédit a permis des choses formidables, parce qu'on pouvait faire des choses avec de l'argent qu'on n'avait pas, mais qu'on promettait simplement de rembourser dans le futur. Mais elle a surtout permis l'émergence d'une nouvelle classe sociale, celle des banquiers, des bourgeois et des profiteurs de tous poils qui disposaient du pouvoir de dire oui à un prêt, mais aussi et surtout du pouvoir de dire non et de plonger dans la ruine ceux qui s'étaient endettés.

Avec la généralisation de la société de consommation, les clients des banquiers ne sont plus les "puissants", rois et seigneurs, mais. Désormais les gouvernements, les Particuliers, les entreprises, bref... tout le monde. L'argent, au sens où on l'entend maintenant, était né, et avec lui le pouvoir de l'argent. Les riches, et les ultra-riches sont ainsi devenus plus puissants que les puissants. Et même les gouvernements, même les pouvoirs exécutifs de nos pays, sont désormais au main des banquiers, de même que le pouvoir législatif, par le biais des lobbys qui, moyennant finances, influencent le vote des députés.

  1. Le pouvoir de la force

L’épée symbolise le pouvoir de la force. Le pouvoir de la force. C’est le premier de tous les pouvoirs. Il est le recours ultime, ou souvent préféré, de ceux qui le possèdent pour assouvir leurs désirs. Le pouvoir de la force a toujours été égoïste, il ne profite qu'à ceux qui en disposent ou qui le contrôlent. Toutefois, dans le monde moderne, la force est devenue chère. Constituer une police, une milice, une armée, et l'équiper en matériel moderne et en hommes entraînés est devenu très cher. En ce sens la force, la vraie, celle qui fait peur, est soumise au pouvoir de l'argent.

Le joyau symbolise naturellement l'argent. Et qui détient l'argent aujourd'hui ? La totalité des billets de banque du monde entier, et de l'or dans les coffres des banques, ne représente qu'une part insignifiante (moins de 1% !) de l'argent en circulation et, la quasi-totalité de cet argent consiste en dettes, c'est à dire en bouts de papiers établissant que "un tel doit tant à un tel". Le crédit n'est plus seulement un moyen d'obtenir de l'argent : il est l'argent. Et ceux qui détiennent le pouvoir d'accorder un crédit sont les banques. Notre système financier tout entier repose sur du vide.

Le miroir symbolise la connaissance ; celle que l'on peut avoir de soi-même, mais aussi, indirectement, celle que l'on peut avoir de toute chose. Dans nos sociétés saturées d'information numérique et textuelle, nous avons du mal à imaginer qu'il n'y a pas si longtemps, presque personne ne savait lire ou écrire, et surtout compter. Hormis quelques savants, les seuls qui savaient compter étaient les changeurs qui convertissaient les monnaies innombrables de ce temps-là ; et bien sûr puisque personne ne savait contester leurs calculs, ils en abusaient. Mais la connaissance peut prendre des formes innombrables. Connaître un secret, c'est disposer d'un pouvoir sur les ignorants. Connaître la formule chimique d'un composé, l'action d'une molécule sur l'ADN, ou le secret ultime, celui de la bombe H (qui, à la différence de la bombe A, est bel et bien un secret), c'est disposer d'un pouvoir immense. Savoir, à l'insu des autres, qu'une société va signer un contrat juteux permet de transformer cette connaissance en argent sonnant et trébuchant, en investissant judicieusement en bourse. Mais connaître un secret et le divulguer au bon moment peut conférer un pouvoir encore plus grand. Divulguer, au bon moment, les frasques d'un Bill Clinton permet de faire chuter un président. Divulguer celles d'un DSK permet de faire chuter un présidentiable et de faire élire un fantoche. Nous voyons que la connaissance est parfois plus forte que la force et que l'argent.

Cela vaut aussi pour la vie de tous les jours : La connaissance, c'est l'information : Être bien informé, c'est avoir un pouvoir sur ceux qui sont mal informés ! Mais bien sûr rien n'est si simple et pour acquérir une connaissance il faut parfois beaucoup d'argent, ou user de violence.

Violence, argent, connaissance, tels sont les trois pouvoirs fondamentaux que reconnaissait la tradition japonaise. Mais aujourd'hui, il existe un quatrième pouvoir :

  1. Le pouvoir des médias

Un monde qui parle et qui bavarde au long des jours et des nuits. Le monde des médias. La meilleure dictature (du point de vue du dictateur !) est celle où les citoyens ignorent qu'ils vivent sous une dictature : on laisse donc les gens libres de croire qu'ils sont en démocratie, c'est à dire qu'ils ont le choix de leurs dirigeants, lesquels défendront leurs opinions, leurs valeurs, leur mode de vie. Mais tous nos choix, y compris politiques, sont basés sur les informations que nous recevons par les médias. Et donc, qui contrôle les médias contrôle l'opinion, et qui contrôle l'opinion contrôle le monde. Les magnats de la presse, et de la télé l'ont très bien compris.

Il existe une véritable guerre de l'information. Les lobbys de tous poils nous submergent d'informations partiales, incomplètes, hors contexte, jouant plus sur nos émotions que sur notre faculté de raisonner, et à ce jeu nous perdons toute faculté de raisonner, justement. Ce regard sur les pouvoirs qui nous écrasent sont bel et bien dans notre monde fait par Dieu, mais un monde qui refuse d’accueillir l’Esprit de Dieu et qui git dans le mal.

  • Un monde fait par Dieu mais incapable d’accueillir l’Esprit Saint et qui git dans le mal

L’Apôtre Saint Jean (chap. 14, 17), souligne que le monde est dans l’incapacité d’accueillir l’Esprit de Dieu à cause du fait qu’il ne le voit pas et ne le reconnait pas: « l'Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le reconnaît. Vous, vous le connaissez, parce qu'il demeure auprès de vous et qu'il est en vous. » L’Esprit Saint est donné aux apôtres et refusé à ce monde qui a rejeté le Sauveur et l’a tué. Il s’agit du monde du péché, du mal. Mais comment saisir l’existence du mal dans un monde fait par Dieu lui-même, un monde au-dessus duquel a plané l’Esprit de Dieu au début de la création, un monde mu par le Souffle divin ?

Pour le moment, le mal ne peut exister que dans le bien. La pourriture n’a pas de sens en dehors du fruit. Le vers qui fait pourrir l’orange n’a d’existence possible qu’à l’intérieur du fruit. A l’extérieur du fruit, il meurt. Le mal en fait n’est pas de la création. Il n’y a que le bien qui est de la création, le bien à son degré même le plus infime. Le mal s’oppose toujours au bien et il y a une sorte d’équilibre qui fait que le mal agit toujours contre le bien mais ne prend jamais le dessus sur le bien : « Le bien est de création, mais non le mal ; et, cependant, le mal, considéré en lui-même, n'est pas rien, quoiqu'il ne soit rien du bien. Par création existe le bien, et aussi le bien dans le degré le plus petit ; et quand ce plus petit devient rien, de l'autre côté surgit le mal ; il n'existe donc ni relation ni progression du bien au mal ; mais il y a relation et progression du bien à un plus grand et à un moindre bien ; et du mal, à un plus grand et à un moindre mal, car ils sont opposés en toutes choses en général et en particulier et parce que le bien et le mal sont opposés, il y a un intermédiaire ; et, là un équilibre, dans lequel le mal agit contre le bien ; mais comme il ne prévaut pas, il reste en effort. » - Amour Conjugal, n° 444. Nous sommes tous élevés dans cet équilibre.

Nous sommes tous en tant que hommes élevés dans l’équilibre dont nous venons de parler : « Tout homme est élevé dans cet équilibre, qui, parce qu'il existe entre le bien et le mal, ou, ce qui est la même chose, entre le ciel et l'enfer, est un équilibre spirituel, lequel, chez ceux qui y sont, produit le Libre ; d'après cet équilibre le Seigneur attire tous les hommes vers Lui, et Il retire du mal vers le bien, et ainsi dans le Ciel, l'homme qui le suit d'après le libre. » - Amour Conjugal, n° 444. Nous allons prendre l’exemple des guerres dans le monde et essayer de comprendre que cela ne relève pas de la Divine Providence, mais de la Permission divine.

L’exemple des guerres. Dieu dans son Amour ne veut pas qu’il y ait des guerres dans le monde : « Ce n'est pas d'après la Divine Providence qu'il y a des guerres, car elles sont jointes aux homicides, aux pillages, aux violences, aux cruautés et autres maux énormes qui sont diamétralement opposés à la charité chrétienne ; mais néanmoins elles ne peuvent pas ne pas être permises, parce que l'amour de la vie des hommes est devenu tel, qu'il veut dominer sur les autres, et enfin sur tous, et qu'il veut posséder les richesses du monde, et en fin toutes les richesses. Ces deux amours ne peuvent pas être tenus enchaînés, puisqu'il est selon la Divine Providence, qu'il soit permis à chacun d'agir d'après le libre selon la raison ; et que, sans les punitions, l'homme ne peut être détourné du mal par le Seigneur, ni par conséquent être réformé et sauvé ; car, s'il n'était pas permis que les maux fissent irruption, l'homme ne les verrait pas, par conséquent ne les reconnaîtrait pas, et ainsi ne pourrait être amené à y résister : de là vient que les maux ne peuvent être empêchés par aucun moyen de la Providence ; car ainsi ils resteraient enfermés, et comme ces maladies, appelées cancer et gangrène, ils s'étendraient de tous côtés et consumeraient tout le vital humain…»

L’homme spirituel saisit facilement, à l’opposé de l’homme naturel ce qui relève de la permission divine, à quelques exceptions près de ce qui relève de sa Divine Providence : « Que les guerres dans le monde soient dirigées par la Divine Providence du Seigneur, cela est reconnu par l'homme spirituel, mais non par l'homme naturel, excepté quand il est célébré une fête à l'occasion d'une victoire, en ce qu'alors il peut rendre à genoux des actions de grâces à Dieu pour la victoire qu'Il a accordée ; il peut aussi avant de commencer le combat invoquer Dieu en quelques mots ; mais quand il rentre en lui-même, il attribue la victoire ou à la prudence du général, ou à quelque mesure ou incident au milieu du combat, sans qu'on y ait pensé, d'où cependant est résulté la victoire. »

Ce qu’on appelle « Fortune » de guerre relève de la Providence divine et non de la prudence humaine. Ce qui vient de l’Enfer est permis par Dieu et non voulu par Dieu : « Les succès et les avantages obtenus dans une guerre sont même appelés communément Fortune de la guerre ; et celle-ci est la Divine Providence, principalement dans les conseils et les méditations du général, lors même que lui, alors et dans la suite, les attribuerait tous à sa prudence. Du reste, qu'il le fasse s'il le veut, car il est dans la pleine liberté de penser pour la Divine Providence ou contre elle, et même pour Dieu et contre Dieu ; mais qu'il sache que rien de ce qui concerne les conseils et les méditations ne vient de lui ; tout influe ou du ciel ou de l'enfer ; de l'enfer d'après la permission, du ciel d'après la Providence. - Divine Providcnce, n° 251. Quand on regarde les théâtres de ce monde, c’est comme si notre monde est sous le règne de Satan.

  • Le monde sous le pouvoir du Mauvais

Le monde du mal, ne peut pas accepter se placer sous le gouvernement du Saint-Esprit, car l’Esprit le ramènera au principe de demeurer en Jésus Christ et d'accepter l'œuvre de la Croix, encore et toujours. L’apôtre Paul associe Satan aux “ forces spirituelles méchantes dans les lieux célestes ” et les appelle “ les maîtres mondiaux de ces ténèbres ”(Ép 6:11-13.) « Revêtez l'armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manœuvres du diable. Car ce n'est pas contre des adversaires de sang et de chair que nous avons à lutter, mais contre les Principautés, contre les Puissances, contre les Régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits du mal qui habitent les espaces célestes. C'est pour cela qu'il vous faut endosser l'armure de Dieu, afin qu'au jour mauvais vous puissiez résister et, après avoir tout mis en œuvre, rester fermes. »

Étant la force qui gouverne dans le domaine invisible immédiatement contigu à la terre, Satan est “ le chef du pouvoir de l’air ” : « Et vous qui étiez morts par suite des fautes et des péchés dans lesquels vous avez vécu jadis, selon le cours de ce monde, selon le Prince de l'empire de l'air, cet Esprit qui poursuit son œuvre en ceux qui résistent... » (Ép 2:2.) Dans la Révélation, il est présenté comme celui qui “ égare la terre habitée tout entière ”.

L’apôtre Jean dit que “ le monde entier se trouve au pouvoir du méchant ” Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier gît au pouvoir du Mauvais : « C'est maintenant le jugement de ce monde ; maintenant le Prince de ce monde va être jeté dehors » (1Jn 5, 19.) Satan est par conséquent le dieu de ce monde. La nuit avant sa mort, Jésus a, par trois fois, mis en garde ses disciples contre ce dieu, qu’il appelle “ le chef de ce monde ”. Il a déclaré que ce chef puissant, ou dieu, “ sera jeté dehors ”. (Jean 12:31 ; 14:30 ; 16:11.) a écouter l’apôtre, on dirait que Satan a tout pouvoir sur le monde.

Et qui est ce chef, ce dieu tout puissant ? Ce dieu n’est personne d’autre qu’un ange rebelle, Satan le Diable. Comment le savons-nous ? Selon la Bible, Satan, lorsqu’il a tenté Jésus, lui a montré “ tous les royaumes du monde et leur gloire, et il lui [a] dit : ‘ Toutes ces choses, je te les donnerai si tu tombes et fais un acte d’adoration pour moi. ’ ” (Matthieu 4:8, 9). Cette proposition n’aurait pas été une tentation si Satan avait prétendu donner à Jésus quelque chose qu’il ne possédait pas. D’ailleurs, l’apôtre Jean a affirmé : “ Le monde entier se trouve au pouvoir du méchant. ”( 1 Jean 5,19). Mais cela ne signifie pas que c’est lui qui gouverne le monde. En effet, si Satan est le Prince de ce monde, il est un Prince enchainé par Dieu pour un temps(Ap. 20, 1-3) : « Puis je vis un Ange descendre du ciel, ayant en main la clef de l'Abîme, ainsi qu'une énorme chaîne. Il maîtrisa le Dragon, l'antique Serpent - c'est le Diable, Satan - et l'enchaîna pour mille années. Il le jeta dans l'Abîme, tira sur lui les verrous, apposa des scellés, afin qu'il cessât de fourvoyer les nations jusqu'à l'achèvement des mille années. Après quoi, il doit être relâché pour un peu de temps.» C’est par sa Droite que Dieu aux temps difficiles de l’Ancienne Alliance portait de l’affection à son Peuple. Cette Droite de Dieu dont parle le psalmiste, c’est l’Esprit Saint qui œuvre dans le monde.

  • L’œuvre du Saint Esprit dans le monde

Le Saint Esprit convainc le monde de péché, de justice, de jugement (Jean 16: 8-11) : « Et lui, une fois venu, il établira la culpabilité du monde en fait de péché, en fait de justice et en fait de jugement : de péché, parce qu'ils ne croient pas en moi ; de justice, parce que je vais vers le Père et que vous ne me verrez plus ; de jugement, parce que le Prince de ce monde est jugé. »

Selon sa conduite, le croyant peut marcher et vivre par l'Esprit et porter le fruit de l'Esprit (Gal 5, 16, 25 et 22) : « Or je dis : laissez-vous mener par l'Esprit et vous ne risquerez pas de satisfaire la convoitise charnelle…Mais le fruit de l'Esprit est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi : contre de telles choses il n'y a pas de loi…Puisque l'Esprit est notre vie, que l'Esprit nous fasse agir ».

Dieu désire que nous soyons remplis du Saint Esprit (Éph 5, 18). « Ne vous enivrez pas de vin : on n'y trouve que libertinage ; mais cherchez dans l'Esprit votre plénitude.» C’est cet Esprit qui dans le silence gouverne le monde.

  • C’est l’Esprit Saint qui gouverne le monde

Ce que nous avons vu plus haut est vrai, mais il ne faut pas arrêter le regard sur ces aspects-là. C’est par son Esprit que Dieu tient le monde, agit dans le monde, le vivifie et par son Eglise l’oriente vers sa fin. C’est dans ce sens que le père Dumitru Staniloaë écrit: « C’est aussi par le Saint-Esprit que Dieu maintient le monde, agit en lui, et, à travers le mystère de l’Église, le conduit vers son telos, vers son accomplissement. C’est par le Saint-Esprit qu’il réalise son projet de salut et la divinisation du monde. » (Article paru dans Contacts, vol. XXVI, no 87, 1974 ; reproduit dans Dumitru Staniloae, Prière de Jésus et expérience du Saint-Esprit, DDB (Théophanie), 1991. La puissance du Saint esprit est une puissance de sanctification, une puissance de divinisation du monde.

La domination de Satan, du mal dans notre monde n’est qu’une illusion, une apparence même si au niveau des hommes, il y a des conséquences visibles. Les œuvres de Satan dont est tissée notre histoire et qui inondent les médias, ne doivent pas nous impressionner. Au Saint-Esprit il convient de régner, de sanctifier et d'animer la création, car il est Dieu consubstantiel au Père et au Fils ... A Lui revient le pouvoir sur la vie, car étant Dieu il garde la création dans le Père par le Fils (Liturgie byzantine, Tropaire des matines des dimanches du second mode).

C’est Dieu qui par son Esprit maintient le monde. C’est à Dieu qu’appartiennent le monde et son contenu. C’est en effet ce que chante le psalmiste au Psaume 23, 1-2 : « A Yahweh est la terre et ce qu'elle renferme, le monde et tous ceux qui l'habitent. Car c'est lui qui l'a fondée sur les mers, qui l'a affermie sur les fleuves. » C’est par son Esprit que Dieu affermit la terre sur les eaux.

Le monde n’est donc pas la propriété de Satan. Déjà à la création, l’Esprit de Dieu planait sur toutes choses. C’est ce que nous lisons en Gn 1, 1-2 : « Au commencement Dieu créa le ciel et la terre. La terre était informe et vide ; les ténèbres couvraient l'abîme, et l'Esprit de Dieu se mouvait au-dessus des eaux». L’Esprit Saint travaille au cœur même de la création, au cœur du monde, au cœur de toute créature et est la vie même qui fait la vie de tout être.

L’Esprit Saint est appelé par Sainte Hildegarde (1098-1188) comme étant la vie de la vie de toute créature. « O feu de l'Esprit paraclet, écrit-elle, vie de la vie de toute créature, tu es saint, toi qui vivifies les formes. Tu es saint, toi qui couvres de baume les dangereuses fractures ; tu es saint, toi qui panses les fétides blessures ».

Les épines de la vie, les plaies de notre histoire, de notre monde, ne doivent pas nous empêcher de voir avec les yeux de la foi comment l’Esprit Saint gouverne le monde et l’oriente vers une fin meilleure.

Même au cœur des difficultés de notre monde, l’Esprit est présent et par sa force, Il fleurit comme la rose au milieu des ronces. C’est la raison pour laquelle Sainte Gertrude (1256-1303) écrit dans sa prière: « O Saint-Esprit, Dieu amour, nœud de la Sainte Trinité par l'amour, vous vous reposez et vous prenez vos délices entre les enfants des hommes, dans la sainte chasteté qui, par l'influence de votre force et de vos charmes, fleurit ici-bas comme la rose entre les épines. »

Dans les moments troubles de notre histoire, l’Esprit Saint est là et il agit dans le secret. Il est le Feu caché qui embrase tout. Toutes les époques troublées sont des époques de sainteté et du courage surhumain. C’est en effet la conviction de A.-D. Sertilanges, o.p. (1863-1948) quand il dit : « Toutes les époques troublées sont des époques de sainteté et d'héroïsme. Dans les siècles déshérités socialement des personnalités puissantes semblent destinées à concentrer et à tenir en réserve l'activité spirituelle commune ; elles sont le ferment de l'avenir. Tel est le travail de l'Esprit, flamme intime, flamme pareille à celle qui soutient nos corps, anime nos foyers et nos cités, ses tributaires. »

Tout est fonction de l’Esprit Saint, tout dépend de lui et quand il agit, il provoque un mouvement universel: « Enfin du moment qu'il conquiert et qu'il organise, il serait oiseux de dire de l'Esprit divin qu'il rassemble. Il faut noter cependant le caractère universel de ce rassemblement. L'Esprit de Jésus est un Esprit de la race ; c'est de plus un Esprit transcendant à toutes les différences créées ou créables, Esprit des esprits, et, plus loin, Esprit des êtres. Tout dépend de lui, et quand il s'agite, on doit s'attendre à un branle universel. »( A.-D. Sertilanges)

On peut dire que l’Esprit gouverne le monde parce que c’est lui l’âme du monde. Il est ce Feu qui consume au cœur de la création sans détruire. C’est lui qui porte le monde, un monde en déchéance, le polarise et rassemble tous les enfants de Dieu. Rien n’échappe à l’Esprit Saint parce qu’il pénètre la matière même de l’univers: « C'est ici l'âme du monde, pénétrant sa matière multiple et en formant un tout qui est le Royaume de Dieu évangélique, ce Tout que Jésus voyait et qu'il voit plus encore au moment de lui donner son sang. Jusque-là, le monde était chaotique, ou s'il était en partie organisé, comme la Synagogue, c'était en vertu d'une anticipation, d'un emprunt ; le Cénacle rayonnait en arrière. Mais en avant le rayonnement unifiant révèle plus de puissance ; l'Esprit polarise le monde ; il polarise les âges ; il met en un tous les fils de Dieu dispersés! (Jean, XI, 52) Ceux qui croient lui échapper réalisent d'une autre manière ses desseins et le servent dans ses élus. Le monde était inanimé, un cadavre, un Lazare dans ses bandelettes et qui sentait la corruption, c'est-à-dire la dissémination des éléments et des forces. L'Esprit du Christ rattache la chaîne de vie. Le vivant univers tient désormais debout ; l'œuvre créatrice est d'une seule venue, dans le temps et dans l'immensité de l'être. » ( A.-D. Sertilanges)

A cause de l’Esprit Saint, la Parole de Jésus manifeste un autre monde qui ne forme qu’un seul monde avec le nôtre qui n’est que celui du pèlerinage. Il n’y a pas d’endroit où il n’y a pas le Règne de Dieu : « C'est grâce à l'Esprit que le message de Jésus exprime un autre monde, et que cet autre monde et le monde du pèlerinage ne font qu'un. Le Royaume de Dieu est partout : l'Esprit en est la lumière. Et ce que je dis de l'unité lumineuse se répéterait de l'unité de tendance, de l'unité d'orientation, de l'unité d'action, de l'unité du résultat qui est - invisiblement ici et clairement là-haut la vie éternelle.

L'Esprit divin est un Esprit d'éternité ; l'eau vive que donne Jésus doit remonter à son niveau ; partie du ciel elle y rejaillit spontanément et elle y demeure. Sa surface d'équilibre est là, et si le Christ ressuscité ne meurt plus, si là où Il est, Il veut et Il fait que nous y soyons aussi, la raison en est que son Esprit souffle entre le Père et le Verbe auquel sa chair est jointe, auquel son âme s'unit, en lequel nous aussi, par Lui, nous ne faisons qu'un seul tout spirituel, que la vie divine traverse. [...] Esprit du Christ, que vous êtes puissant, et que la petite demeure visitée par vous a de vastes horizons au creux de ses arcades ! La Croix maintenant saigne et le Sauveur gémit ; mais le Sauveur gémissant n'est que l'ouvrier qui ahane au cours de sa tâche. La tâche finie, on verra que les moyens et la fin se proportionnent, et que l'éternel Témoin ne mentait pas : " Mon Père, je remets mon Esprit entre tes mains. " ( A.-D. Sertilanges) L’Esprit de Dieu régit toute la création et il y a nécessité de toujours l’appeler pour qu’il vienne renouveler la face du monde, la face du monde du 3eme millénaire.

  • Nécessité d’Invoquer une «nouvelle Pentecôte» sur le monde

Le 20 juillet 2007, le Pape BENEDICTUS PP. XVI invitait les jeunes à venir nombreux aux JMJ de Sydney, afin qu’ils puissent ensemble, invoquer l’Esprit Saint, demandant avec confiance à Dieu le don d’une Pentecôte renouvelée pour l’Église et pour l’humanité du troisième millénaire. Cette invitation nous concerne tous.

Nous avons l’urgent devoir d’invoquer l’Esprit du Seigneur, de le prier pour qu’incessamment il renouvelle par la force de sa lumière la face du monde. Certaines personnes pensent qu’aujourd’hui, nous n’avons pas besoin d’une nouvelle Pentecôte, mais plutôt des mêmes dispositions de cœur qui accompagnaient les apôtres lors de la première Pentecôte.

En effet, les apôtres visaient le même but. Ils attendaient quelque chose venant du ciel selon la promesse faite par le Seigneur en Actes 1.4,8. C’était la même attitude que le roi David montre dans le Psaume 27.8 « Je cherche ta face ô Eternel ». C’était leur priorité et ils ne quittaient pas leurs frères parce que tous nourrissaient la même attente. Avons-nous la même disposition de cœur ? Ou comme les invités aux noces en Matthieu 22.1-14, ne nous inquiétons-nous pas de l’invitation du roi, chacun étant occupé l’un à son champ, l’autre à son commerce? Quel sens des priorités avons-nous ? Dans le Psaume 42, David décrit l’aspiration de son âme « Comme une biche soupire après des courants d’eau, Ainsi mon âme soupire après toi, ô Dieu! » Sommes-nous tous unis dans un même but : chercher la face de Dieu ?

Ils avaient aussi un même esprit de prière. Dans leur attitude de prière, ils pensaient à Dieu plutôt qu’à eux-mêmes. Rien n’unit autant que la prière. Ils étaient environ 120 personnes. Il y avait des femmes (Marie, mère de Jésus dont c’est ici la dernière mention dans le NT), Thomas (qui n’était pas là le dimanche de la résurrection), même les frères de Jésus étaient présents (eux qui pourtant ne croyaient pas en lui pendant le ministère de Jésus, cf. Jean 7.5). Faut-il un drame familial pour que nous commencions à prier Dieu ?

Ils persévéraient dans la prière parce qu’ils attendaient quelque chose de Dieu. Jésus leur avait confié une même mission impossible : faire de toutes les nations des disciples ! Mais il leur avait fait une promesse : celle d’une puissance pour accomplir cette mission. Ils saisissent cette promesse dans la prière jusqu’à ce qu’elle soit accompli.

Par ailleurs les apôtres étaient unis dans le même Esprit de puissance. Toute l’assemblée remplie de l’Esprit c’est-à-dire vidée d’un esprit mondain, d’amertume, de jalousie, de querelle, mais animée d’un esprit de conversion, un esprit qui déborde de reconnaissance, de gratitude, un esprit satisfait, content, un esprit de conquête et non de repli. Plus tard, en Actes 4, alors qu’ils avaient connu la persécution, ils prient que le Seigneur leur donne d’annoncer sa parole avec une pleine assurance, et ils furent exaucés. En Actes 16.25, Paul et Silas louent le Seigneur, après avoir été battus et emprisonnés. Voilà la puissance du Saint-Esprit qui permet au chrétien de louer son Dieu dans l’adversité. C’est l’amour qui donne envie d’aller au-devant des autres.

Egalement, les apôtres étaient tous dans l’action. Ils parlent tous des merveilles de Dieu, tous étaient impliqués dans le service de Dieu pour glorifier leur Dieu à la face du monde. Certainement c’est d’une telle disposition de cœur dont nous avons besoin aujourd’hui comme demain.

Nous voulons une nouvelle Pentecôte pour le monde, mais nous disciples du Christ, nous n’avons pas les mêmes dispositions. L’Esprit Saint a besoin de nous pour gouvernés le monde. Le même Esprit qui est descendu sur les apôtres et a rempli leurs cœurs à tous le jour de Pentecôte à Jérusalem est venu faire sa demeure dans nos cœurs à nous et veut nous remplir également (Eph.5/18) pour avec nous changer la face du monde.

  • Conclusion

Le monde ne va pas à sa perte. Le monde est sous le contrôle de Dieu et, il l’anime par la puissance de son Esprit Saint. Au-delà de tout ce qui se passe de négatif depuis les débuts de la création et qui nous donne l’impression que c’est le mal qui domine dans le monde, que ce sont les forces obscures qui gouvernent l’univers, nous devons avoir la conviction ferme que c’est l’Esprit de Dieu qui comme un Feu tient le monde, l’embrase de l’intérieur, le gouverne, le transforme avec beaucoup de patience et le conduit vers sa fin tel que voulu par Dieu. Dieu permet certaines choses dans le monde pour pousser la créature à le reconnaitre comme l’Unique Seigneur, à reconnaitre sa grandeur, à le louer et à le glorifier. C’est toujours par la puissance de son Esprit qu’il veille sur l’univers et le guide vers sa fin. L’Esprit Saint règnera sur le monde, le dirigera jusqu’à son intotalisation. Le théâtre ou le spectacle si étonnant et parfois dégoutant du monde doit plutôt nourrir notre espérance et non nous pousser au désespoir. Nous devons faire confiance à l’Esprit de Pentecôte que le Seigneur nous a donné, c’est lui la vie de la vie de toutes créatures, la Force transformatrice de l’univers. Ouvrons nos cœurs à l’Esprit du Seigneur, prions-le incessamment pour qu’il vienne transfigurer le visage du monde, pour qu’il fleurisse au cœur des épreuves de notre monde comme la rose fleurit entre les épines.

Abbé Augustin FOKAM

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